
Mode et société contemporaine
Le XXe siècle est considéré comme le siècle de la mode par excellence. D’une part, le processus entamé au XIXe siècle se poursuit, c’est-à-dire la place croissante de la mode dans la société industrielle moderne. D’autre part, les nouvelles hypothèses sur la culture, la société et l’économie rendent la mode du XXe siècle très différente dans ses hypothèses. D’un dispositif de classification et de distinction, la mode tend à assumer, surtout à partir de la seconde moitié du XXe siècle, grâce au développement du prêt à porter et du sportswear, aux caractéristiques principalement communicatives et expressives.
Le XXe siècle : la mode change
La mode est une imitation d’un modèle donné et satisfait le besoin de soutien social, elle conduit l’individu sur le chemin que chacun suit, elle donne un universel qui fait du comportement de chaque individu un simple exemple. Néanmoins, elle répond au besoin de diversité, à la tendance à se différencier, à changer, à se démarquer. Si, d’une part, ce résultat est possible avec le changement de contenu qui caractérise la mode d’aujourd’hui par rapport à celle d’hier et de demain, la raison fondamentale de son efficacité est que les modes sont toujours des modes de classe, que les modes de la classe supérieure sont différentes de celles de la classe inférieure et sont abandonnées dès que celle-ci commence à les faire siennes. La mode n’est donc rien de plus qu’une des nombreuses formes de vie avec lesquelles la tendance à l’égalité sociale et la tendance à la différenciation et à la variation individuelles se rejoignent dans une approche unifiée.
Bien que les théories récentes tendent à juste titre à élargir le concept de mode au-delà des frontières du monde occidental, le système moderne de la mode trouve certainement ses racines dans la révolution industrielle européenne et l’organisation sociale qui l’accompagne.
Le XXe siècle révèle la substance de ce système et l’étend en même temps au point de rendre la mode fondamentalement différente de celle des siècles précédents. D’instrument distinctif de la bourgeoisie urbaine des grandes capitales et des grandes capitales, la mode se transforme en un instrument de communication principalement expressif et étendu à une grande partie du monde.
Au cours du XXe siècle, les innovations stylistiques correspondent aux changements anthropologiques : c’est le siècle où coexistent des figures comme la parisienne et le punk, la femme de carrière et le surfer urbain. Deux guerres (1915-1918 et 1940-1945) et la chute du mur de Berlin (1989) accélèrent les changements sociaux et de valeurs que la mode reflète et parfois anticipe.
Le XXe siècle, en particulier, a été le siècle au cours duquel s’est exprimé un changement clair et profond dans la position des femmes dans la société, plaçant la question de l’émancipation des femmes au centre de l’attention. Après la Seconde Guerre mondiale, les femmes ont pu porter des pantalons de tous les jours, non sans difficulté – il suffit de penser que les premiers, les bloomers, du nom de leur inventrice Amelia Bloomer, remontent au milieu du XIXe siècle.
Pour beaucoup, le XXe siècle a été avant tout le siècle des créateurs de mode. Dans la première moitié du siècle – dominée par la haute couture – le rôle du couturier s’institutionnalise et s’affirme, et dans la seconde moitié du siècle s’affirme le prêt à porter des stylistes, deux systèmes de production différents, comme on le verra, même dans la similitude du rôle du créateur de mode : le couturier et le styliste sont en effet innovateurs et pas seulement interprètes comme l’avaient été les tailleurs. Au milieu du XXe siècle, la mode italienne renaît également, avec le défilé de mode organisé en 1951 à Florence par Giovanbattista Giorgini.
Au XXe siècle, les principaux magazines de mode sont nés ou se sont transformés et développés, chargés de transmettre les styles, d’informer le public, de réfléchir et de plus en plus, grâce à la photographie, en couleur à partir des années trente, produisant également des tendances. Ainsi commence la relation entre la mode et l’image de la mode, destinée à jouer un rôle fondamental dans le développement des aspects expressifs et communicatifs de l’habillement. Outre la photographie, le cinéma, la musique, la télévision et, enfin, les clips vidéo et la station de jeux font la promotion de nouveaux modèles pour femmes et hommes qui amplifient la signification symbolique de la mode.
Le XXe siècle est aussi le siècle où s’achève la « révolution » de la consommation, qui a commencé deux siècles plus tôt et surtout au XIXe siècle avec l’ouverture des premiers grands magasins. Les grands magasins ont été rejoints, d’abord en Amérique, dans les années 1920 et 1930, puis en Europe et enfin en Italie dans les années 1990, par des centres commerciaux et des centres commerciaux. Au cours du XXe siècle, donc, l’imbrication étroite de la production, de la distribution, de la circulation de l’image et de la consommation de vêtements fait de la mode le phénomène médiatique par excellence et le langage même de la société moderne.
À la fin des XIXe et XXe siècles, une théorie de la mode prend forme, d’abord marquée par l’évolutionnisme qui inspire les sciences sociales naissantes, puis s’en libère, avec l’essai fondateur de Georg Simmel, La moda del 1895. Après ces premiers essais, le thème de la mode, à l’exception d’exceptions sporadiques et significatives (je cite tout l’essai de Roland Barthes, Il sistema della moda, de 1967) fut abandonné par les intellectuels et les universitaires, pour diverses raisons. L’influence de l’école de Francfort avec sa critique de la société capitaliste centrée sur la consommation retarde une réflexion autonome sur la mode. En outre, le fait qu’entre la fin du XVIIIe siècle, au cours du XIXe et de la majeure partie du XXe siècle, la mode soit devenue une occupation majoritairement féminine et donc frivole, la rend impropre à tout traitement sérieux. C’est principalement grâce aux études culturelles – entre les années 1960 et 1970 – et à l’approche typique de cette discipline, visant à dépasser le concept de haute et de basse culture, que la mode est à nouveau proposée comme champ d’étude, comme instrument de communication identitaire et comme élément important de l’industrie culturelle. Ce n’est cependant que dans les années 1990, avec le développement des études de mode, que la mode est devenue une discipline autonome, enseignée dans la plupart des universités internationales dans ses nombreux aspects : socio-anthropologique, économico-marketing, culturel, communicationnel, historique et géographique.